« L’homme dit sain n’est donc pas sain. b) S’introduire à la Il y a donc deux manières bien différentes d’en appeler à un devoir-être : l’une s’inscrit dans une perspective idéale d’absoluité, propre à un sujet substantiel qui se situe à la verticale du monde qu’il considère de haut et de loin dans un esprit de légitimation dont il se réserve l’entière initiative ; l’autre, au contraire, maintient une appartenance au monde d’où se dégage, à l’horizontale, et comme portée de biais de manière rasante, une leçon de relativité assumée par un sujet non plus substantiel mais modal, parce qu’il se tient à la mesure de ce monde dont il est un élément parmi d’autres, en négociation, et éventuellement en conflit, donc en permanence en train de se mesurer avec eux, ce qui précisément définit sa condition de « mode » qui n’est pas « substance ». La confrontation s’organise autour de deux thématiques abordées de manière centrale par les deux auteurs, l’une portant sur la physiologie, le problème du réflexe et les rapports entre le vivant et son milieu, l’autre sur les notions de normal et de pathologique. Cette représentation, qui a longtemps prévalu, a été disqualifiée quand a été effectué, à l’époque moderne, le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme dont a résulté une objectivation de la notion de milieu allant dans le sens de son illimitation et de son décentrement : l’homme n’a pu alors continuer à se percevoir comme se trouvant au centre du monde, et d’un monde fait à sa mesure, mais il a été rejeté à sa périphérie, une périphérie qui se trouve à la fois partout et nulle part. Cette dernière, soutenue en 1943, fut publiée vingt ans plus tard après l’avoir complétée par de Nouvelles réflexions. La Connaissance de la vie est une œuvre du philosophe et médecin Georges Canguilhem publiée en 1952, puis augmentée et rééditée en 1965. Le milieu propose, mais l’homme se fait son milieu. La santé est précisément, et principalement chez l’homme, une certaine latitude, un certain jeu des normes de la vie et du comportement. De ce point de vue, le préjugé anthropomorphique n’est qu’un avatar de l’ontologisme qui fait tout rentrer dans l’ordre du même. Canguilhem's principal work in philosophy of science is presented in two books, Le Normal et le pathologique, first published in 1943 and then expanded in 1968, and La Connaissance de la vie (1952). » (O. Hamelin, Rickert, « Thèses pour le système de la philosophie » (1932), trad. Machine et Organisme de George Canguilhem, c’est une partie de son ouvrage qui s’appelle la connaissance de la vie. C’est pourquoi les vraies valeurs, celles qui sont en mesure d’enclencher une dynamique normative, sont toutes sans exception des valeurs négatives ; elles représentent l’intrusion du négatif dans l’état de fait qu’elles remettent en question, et ouvrent ainsi, dans un climat d’incertitude et d’insécurité12, la perspective d’un devenir : ce sont elles qui polarisent en incitant, là où on a l’habitude de ne voir qu’un, à penser deux, donc à faire la différence, à diviser, à s’opposer, dans un esprit, non d’acceptation, mais de contestation et de refus13. Canguilhem rapporte que la notion de milieu, qui a une origine mécanique, ... « Le vivant et son milieu » in Georges Canguilhem, La connaissance de la vie, Vrin, 1965, 1992, 2003 [2] Ibidem. En conséquence, c’est dévaloriser l’animal pour valoriser l’homme au nom de la conception que celui-ci se fait de ses propres valeurs, alors que celles-ci sont étrangères à celles des autres vivants : « En somme la Descendance de l’homme aurait seulement opéré un coup de force dans la nomenclature. Le vivant et son milieu (espace de vie) "Le lézard ne se trouve pas simplement sur la pierre chauffée au soleil. La lecture de Canguilhem, en particulier « Le normal et le pathologique » permet d’approfondir la compréhension épistémologique de ce concept : il s’agit d’appréhender le vivant comme un organisme intégré, entretenant des rapports complexes avec son milieu Dans des notes rédigées en 1941 au moment où Canguilhem est engagé dans le travail de préparation de sa thèse de médecine, il écrit : « Si nous admettons, en accord du reste avec la suggestion étymologique, que juger c’est discriminer et évaluer, pourquoi refuserions-nous le jugement même à une amibe, à un végétal ? la reproduction de la conférence « Le cerveau et la pensée », placée en tête du recueil des Actes du Colloque de 1990. L’espace propre à la sécurité renvoie donc à une série d’événements possibles, il renvoie au temporel et à l’aléatoire, un temporel et un aléatoire qu’il va falloir inscrire dans un espace donné. Au contraire la pensée de ce que nous appelons l’univers est par elle-même indéfinie, en sorte que, si étendues qu’on veuille supposer dans l’avenir nos connaissances réelles en ce genre, nous ne saurions jamais nous élever à la considération de l’ensemble des astres. Blog; About Us; Contact Tweet. Blog; About Us; Contact 5 0 obj /CropBox [0.0 0.0 612.0 792.0] /Length 1369 (10) Canguilhem, 1988, 23-24. milieu selon les valeurs qui sont les siennes. Le vivant découpe, dans le milieu abstrait de la science, un milieu qui est le sien propre et dont il est, selon une expression de Canguilhem, le « centre de référence » 1. il adopte précisément le point de vue hétérologique défendu par Rickert. le vivant et son milieu canguilhem. L'objet d'étude de la biologie est donc irréductible à l'analyse et à la décomposition logico-mathématique. Elle est une recherche de la sécurité car elle échafaude des théories d'assimilation afin de faciliter l'adaptation de l'homme à son milieu. Canguilhem se donne comme programme l'identification du « départ commun » [7] de cette notion afin d'en présenter la « fécondité » [8]. À la lumière de cette hypothèse, il apparaît que la philosophie de Canguilhem pourrait bien être une philosophie du milieu, avec les deux valeurs objective et subjective du génitif : c’est-à-dire une philosophie nourrie par une réflexion sur l’idée de milieu ou à son propos, mais aussi une philosophie située en plein milieu de la réalité polaire désignée par cette idée dont elle épouse pas à pas les fluctuations sans préjuger de leur issue. Cette position est celle d’un évolutionnisme de premier degré, au point de vue duquel l’antérieur est automatiquement inférieur, et le postérieur supérieur. « La contradiction est une opposition absolue, l’opposé y est la négation, sans réserves, du posé. Et, dans Le vivant et son milieu, il insiste sur le choix absolu qu’il faut faire entre, d’un côté, une objectivation physicaliste de la vie (comme res extensa) et, de l’autre côté, une idée du vivant comme « centre de référence » au sein de son milieu biologique. De ce point de vue, le préjugé anthropomorphique n’est qu’un avatar de l’ontologisme qui fait tout rentrer dans l’ordre du même. 1 La spécificité de l’être vivant A) Définitions Posséder la vie, c’est d’abord se distinguer de l’inerte. le vivant et son milieu canguilhem. canguilhem, la connaissance de la vie analyse. en douceur » G. Canguilhem, « Le vivant et son milieu » (1946). La maxime comtienne « Connaissance d’où prévoyance, prévoyance d’où action », qui établit, entre la science et la technique, une relation directe d’application, préfigure à sa manière la rationalisation du travail humain mise en oeuvre par le taylorisme, qui fait de l’ouvrier un organe de la machine, comme le montrent les recherches de G. Friedmann auxquelles Canguilhem a fait à maintes reprises référence. Sur ces bases, il est possible de prendre en considération la réflexion que Canguilhem a consacrée à l’idée de milieu et d’examiner le sens dans lequel elle s’est orientée. Le normal et le pathologique ne sont pas figées, pas plus qu'elles ne sont opposées . Guillaume Le Blanc commente ainsi la position de Canguilhem : « Le vivant cesse d’être compris comme un mécanisme. L’adjectif sapiens, jusqu’alors accolé à homo, serait désormais accolé à animal, homo y compris. »5. Fiche de lecture La connaissance de la vie, Georges Canguilhem 1952 Introduction La pensée et le vivant La connaissance est analyse. Rappelons l’idée essentielle de Canguilhem : la norme n’est jamais biologique, mais est produite par le rapport d’un vivant à son milieu. Le vivant découpe, dans le milieu abstrait de la science, un milieu qui est le sien propre et dont il est, selon une expression de Canguilhem, le « centre de référence » 1. Canguilhem, le vivant et son milieu sont confondus et se limitent réciproquement4. La même partie est tantôt grande, tantôt petite. 1 La spécificité de l’être vivant A) Définitions Posséder la vie, c’est d’abord se distinguer de l’inerte. Fiche de lecture La connaissance de la vie, Georges Canguilhem 1952 Introduction La pensée et le vivant La connaissance est analyse. 3° Machines contemporaines et propriétés du vivant. Ces deux façons possibles de graphier le mot « milieu » sont indiquées par Canguilhem au bas de la p. 150 de La connaissance de la vie. Ainsi « le milieu est normal du fait que l’individu y déploie mieux sa vie, y maintient sa propre norme. À des milliers de signaux, Travail de réflexion enrichi par connaissance du vivant & formation médicale. C’est donc bien le support et l’élément de circulation d’une action. L’ouvrage intitulé le Normal et le Pathologique de G. Canguilhem, médecin et philosophe contemporain, est une resucée de sa thèse de médecine Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique. Entre le vivant et le milieu, le rapport s'établit comme un débat (Auseinandersetzung) où le vivant apporte ses normes propres d'appréciation des situations, où il domine le milieu, et se l'accommode." C’est de cet environnement en quelque sorte négatif qu’il doit venir à bout. Toutefois, ces commencements, et ce qui en est peu à peu sorti, au terme de débats dont celui du lamarckisme, théorie de l’adaptation au milieu, et du darwinisme, théorie de la sélection par le milieu18, fournit une illustration exemplaire, ne restituent pas toute la portée de ce concept. Le vivant et son milieu ou d’écologie en mésologie Augustin Berque berque@ehess.fr Résumé – La mésologie (Umweltlehre) d’Uexküll a montré que le vivant n’est pas une machine, mais un sujet qui interprète le donné environnemental (Umgebung) pour en faire son milieu … Il … Georges Canguilhem annonce lors d'une conférence dans les années 1946-1947 que « la notion de milieu est en train de devenir un mode universel et obligatoire de saisie de l'expérience et de l'existence des êtres vivants »[1]. L’adjectif sapiens, jusqu’alors accolé à homo, serait désormais accolé à animal, homo y compris. « Le vivant et son milieu », La connaissance de la vie, p. 15. Canguilhem affirme en effet que c'est cette « souplesse » que montre la capacité de l'être vivant de tomber malade et de s'en sortir : les règles du fonctionnement normal dans l'organisme tolèrent une marge d'écart, elles parviennent à intégrer (dans certaines limites) leurs exceptions. La contrariété en un mot, est une opposition réelle. [3] Ibidem. 4 0 obj
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Si les valeurs interviennent dans les réseaux complexes de la réalité, c’est donc en tant que « possibles réels » qui, à même son déroulement, révèlent la négativité immanente à ses relations et en impulsent dynamiquement les transformations ; elles ne sont pas un autre réel mais ce qui, au sein même du réel, l’incite à devenir autre, à emprunter des allures nouvelles répondant aux exigences qu’elles formulent. La puissance de juger s’exerce selon des types irréductibles les uns aux autres chez tous les vivants sans exception, – y compris les végétaux ; ces derniers, bien qu’ils ne disposent d’aucune mobilité ne sont pas tout à fait privés de sensibilité, donc ont, même si cette conscience n’est pas réfléchie et ne s’accompagne pas de conscience de soi, conscience de leur environnement dont ils ressentent la présence à travers les sollicitations venues de lui qu’ils perçoivent parce qu’elles ont un sens pour eux 32. L’espace dans lequel se déroulent des séries d’éléments aléatoires, c’est, je crois, à peu près cela que l’on appelle le milieu […] Le milieu, qu’est-ce que c’est ? b) S’introduire à la Partout où il y a vie […] il y a discernement et choix et donc il y a jugement. B) Le normal et le pathologique => titre d'un ouvrage , G. Canguilhem, philosophe du XXème siècle . La confrontation s’organise autour de deux thématiques abordées de manière centrale par les deux auteurs, l’une portant sur la physiologie, le problème du réflexe et les rapports entre le vivant et son milieu, l’autre sur les notions de normal et de pathologique. En conséquence, il n’y a pas lieu de se demander quelle fatalité amène les hérissons à traverser les routes tracées par les hommes, car ces routes, qui figurent dans l’espace des hommes, n’ont pas place dans leur espace de hérissons, ce qui explique qu’ils s’y lancent à l’aveugle. Mis à jour 01/12/ Georges Canguilhem n’est plus, aujourd’hui, considéré seulement comme le continuateur de Bachelard et le maître de Foucault, son oeuvre est étudiée par des philosophes qui. Canguilhem : la vie est une activité dynamique de débat avec le milieu, à la fois activité polarisée & activité normative. Si les valeurs interviennent dans les réseaux complexes de la réalité, c’est donc en tant que « possibles réels » qui, à même son déroulement, révèlent la négativité immanente à ses relations et en impulsent dynamiquement les transformations ; elles ne sont pas un autre réel mais ce qui, au sein même du réel, l’incite à devenir autre, à emprunter des allures nouvelles répondant aux exigences qu’elles formulent. 11 Parce que le médecin est aussi un vivant, ce que Canguilhem dit du biologiste peut être transposé au médecin.En effet, de même que le biologiste ne peut connaître la vie que de son dedans, le médecin ne doit jamais oublier qu’en tant que vivant il est lui aussi un malade potentiel et doit pouvoir parfois mettre entre parenthèse ses connaissances objectives en vue de … Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. Alors, c’est par rapport à l’homme que l’ensemble des vivants se trouve évalué, ce qui incite à « nous représenter comme des animaux à valeur ajoutée »27, donc, inversement, à représenter les animaux comme des hommes à valeur diminuée, et même, si on adopte le paradigme de l’échelle des êtres, de plus en plus diminuée. L’« originale normativité » (Canguilhem 1966 : 116) du vivant précise son initiative sur le milieu, et par là même son individualité. L’univers tel que Uexküll l’interprète, est peuplé de sujets, sujets intentionnels à défaut d’être réfléchis et conscients des buts vers lesquels leurs comportements sont orientés ; ces sujets déploient autour d’eux des mondes composés de signes que, s’ils ne les ont pas à proprement parler produits, tirés absolument du néant, ils ont sélectionnés. Oui, si on renonce au préjugé anthropomorphique en développant une conception de la pensée qui ne prend pas pour modèle les formes spécifiques selon lesquelles celle-ci est pratiquée par les humains, à la suite d’une longue histoire dont rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’elle ait atteint son terme. L'intelligence ne peut s'appliquer à la vie qu'en reconnaissant l'originalité de la vie III Philosophie Machine et … La reconfiguration de la notion de sujet appelée par la connaissance de la vie en élargit donc l’extension en rétrécissant sa compréhension : être sujet, au point de vue propre à cette connaissance, ce n’est rien de plus que préférer et exclure, en étant exposé à la polarité de la vie et de ses valeurs. Georges Canguilhem, "Le vivant et son milieu", 1947, in La Connaissance de la vie, Vrin, 1992, p. 144-147. « La contradiction est une opposition absolue, l’opposé y est la négation, sans réserves, du posé. Cette formule, on le sait, peut être prise dans des sens opposés. Dans une telle situation, vivre, persévérer dans son être, c’est-à-dire avoir à être, en étant porté par la puissance du virtuel et non en se soumettant aveuglément à des règles, n’est possible qu’en relation à la fois avec un mi-lieu et avec un mi-lieu. Les 2 pôles de ce dynamisme vital = maladie & santé. Toute la question est de savoir si la conception « objective » du milieu, qui a donné naissance à une nouvelle physique, fondée sur le principe général du déterminisme, d’où le concept de milieu a tiré ses commencements, a définitivement supplanté la conception « subjective » qui a constitué son origine, après que celle-ci ait été disqualifiée au nom du primat de la raison sur l’imagination. Dans des notes rédigées en 1941 au moment où Canguilhem est engagé dans le travail de préparation de sa thèse de médecine, il écrit : « Si nous admettons, en accord du reste avec la suggestion étymologique, que juger c’est discriminer et évaluer, pourquoi refuserions-nous le jugement même à une amibe, à un végétal ? Cette position est celle d’un évolutionnisme de premier degré, au point de vue duquel l’antérieur est automatiquement inférieur, et le postérieur supérieur. Cette mécanisation tendancielle du travail, qui repose sur la procédure de normalisation par laquelle sont engendrés des sujets productifs calibrés en vue d’accomplir le type de tâches auxquelles ils sont voués, constitue une forme de subordination à la loi de l’être, à la loi des choses ; celle-ci suscite inévitablement des résistances, donc l’appel à un devoir-être qui, à terme, retourne le rapport de la connaissance et de l’action. Repris par la biologie, Canguilhem montre que l'on a toujours compris la relation du vivant à son milieu comme une relation de conditionnement, le vivant subissant l'action du milieu. Kurt Goldstein a opposé à cette manière de voir l’objection suivante : « Ce ne serait possible que si chaque organisme individuel vivait solidement encastré dans un monde à part, son environnement, et si pour lui le reste du monde n’existait pas. À ce niveau, qui est à la fois le plus élémentaire et le plus général, penser, activité concrète qui s’exerce nécessairement en situation, n’est rien d’autre que s’orienter dans un monde non déjà tout donné, mais reconfiguré à mesure que le sujet qui s’y oriente y réalise en acte les besoins et les tendances qui spécifient sa position et sa posture de sujet. Ce qui caractérise dès l’abord cette idée, c’est l’hétérogénéité et la dispersion des champs auxquels elle renvoie, ce qui favorise la prolifération des valeurs négatives. La fable du chêne racontée par Uexküll offre une certaine analogie avec la parabole du hérisson que Canguilhem commente dans La connaissance de la vie 40. Signaler un abus. De tels possibles sont à tous égards « utopiques », au sens où l’utopie n’est pas l’évocation, au futur, d’un autre monde destiné à prendre la place de celui qui existe actuellement, mais représente, à l’intérieur de ce monde-ci, au présent, le travail du négatif qui le taraude et le hante dans ses profondeurs, en révélant que, tel qu’il est, ça ne va pas, « etwas fehlt » : pour reprendre une terminologie utilisée par Derrida, la véritable alternative aux évidences et aux nécessités de l’ontologie, c’est une « hantologie »11. Comment Actualiser Pôle Emploi Quand On Est En Formation. Cette représentation, qui a longtemps prévalu, a été disqualifiée quand a été effectué, à l’époque moderne, le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme dont a résulté une objectivation de la notion de milieu allant dans le sens de son illimitation et de son décentrement : l’homme n’a pu alors continuer à se percevoir comme se trouvant au centre du monde, et d’un monde fait à sa mesure, mais il a été rejeté à sa périphérie, une périphérie qui se trouve à la fois partout et nulle part. Ainsi « le milieu est normal du fait que l’individu y déploie mieux sa vie, y maintient sa propre norme. Le vivant et son milieu. II OBJECTIFS Objectifs de connaissance a) Se familiariser avec la pensée de Georges Canguilhem et situer son œuvre dans la philosophie française des sciences. Cette rigoureuse obstination ne l’a cependant pas empêché de pratiquer un esprit créatif d’invention et d’ouverture, en se confrontant aux manifestations plurielles de la vie ainsi qu’aux diverses réalisations historiques de la culture humaine sous les formes, principalement, de la technique, de la cognition et de l’organisation sociale, qui ne sont elles-mêmes rien de plus, au degré de complication qui définit chacune, que des réalisations de la dynamique vitale à côté d’autres. La philosophie de la technique de Bergson est donc d'abord une philosophie de la relation entre le vivant et le milieu.Mais dans un autre texte, Canguilhem ajoute également que ce qui fait « la valeur de la philosophie bergsonienne […] c'est d'avoir compris le 3 0 obj
La pensée de George Canguilhem 1.Introduction George Canguilhem est un philosophe et médecin du XX è s. Ses réflexions sur la spécificité du vivant font de lui un philosophe vitaliste. Le milieu propose, mais l’homme se fait son milieu. Lorsqu’il fait ce rapprochement, Uexküll ne tient pas compte du fait que le sujet auquel il fait référence, qui se pose comme tel en rapport à l’Umwelt qu’il reconfigure autour de lui en fonction de ses valeurs propres, n’est pas, comme l’envisage Kant, un sujet mental, soumis aux règles d’une raison pure, mais un sujet corporel, d’emblée engagé dans le monde où il agit, ce qui change tout : ce sujet n’est en aucun cas un esprit tourné prioritairement vers soi, un sujet qui « se » pense, mais un être que son organisation corporelle, si elle peut être considérée en elle-même et pour elle-même d’un point de vue anatomique, met, si on la considère sur le plan de son fonctionnement, donc d’un point de vue physiologique, en rapport avec d’autres êtres naturels, vivants ou non vivants, à l’égard desquels il est amené à entretenir des rapports actifs de préférence ou d’exclusion, en formulant les exigences propres à un « devoir-être » en cours d’effectuation. Histoire des sciences et politique du vivant, Paris, P.U.F., 2007 CANGUILHEM, LA PSYCHOLOGIE ET LE MILIEU Il semble qu'il existe un "moment antipsychologiste" dans la pensée française de la fin des années 1950 et des années 1960. Ses commencements se situent factuellement sur la plan de la gnoséologie physique : c’est dans le contexte propre à la mécanique newtonienne, fondée sur le principe de l’action à distance récusé par le cartésianisme, que cette idée, qui a été ensuite transposée dans le champ de la biologie, a commencé à s’élaborer, puis s’est développée dans une perspective d’élargissement et d’extension. C’est donc le problème circulation et causalité qui est en question dans cette notion de milieu » (, Cf., à ce sujet, « Milieu et normes de l’homme au travail », compte-rendu publié en 1947 dans les, C’est dans ces deux ouvrages, postérieurs d’une dizaine d’années à l’, Cette formule est utilisée par Tim Ingold dans, « L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin », in, Cette note inédite est citée par C. Limoges dans son Introduction à l’édition du t. IV des, « Les affects des animaux que l’on dit privés de raison (, Cela autorise-t-il à avancer que les plantes, elles aussi, « pensent » ?