Or, ce sévère censeur — est-il besoin de le rappeler ? Dans Le Sophiste, ... Depuis Le Réel et son double (éd. Il ne fait pas illusion. le cavalier et le joueur de flûte. Mais la connaissance du peintre est d’un autre ordre dès le point de départ de l’oeuvre. ISSN attribué par la Bibliothèque nationale de France : ISSN 2276-3341, Informations rassemblées et coordonnées à l’initiative et pour le compte de l’Association Artefake. L'illusion est "source de jouissance", André Breton. Platon couronne les poètes de fleurs avant de les chasser de sa république et les suit d’un oeil attendri jusqu’aux frontières de son état idéal. Le sophiste en tant que tel crée des simulacres qu’il cherche à faire prendre pour des réalités. Il y a un leurre, un trompe l’oeil complet, une habileté de chasseur ou Au lieu de laisser entendre que Platon rejette un certain genre de poésie, il serait donc plus exact de dire que, dans n’importe quelle création, il y a un aspect dont il admet ou non l’utilisation sur le plan social, sans pour cela en juger la valeur intrinsèque en tant que forme belle. Et on le libère, en lui restituant pour ainsi dire son propre domaine. Platon: L’art est l’illusion d’une illusion. Cette relativité de la connaissance, si familière à la philosophie moderne, Platon l’explique déjà. La toile de Zeuxis dont parle Pline trompait peut-être les oiseaux. Quand il compare le peintre à un prestidigitateur qui muni d’un miroir nous ferait voir le reflet de tout ce qui existe, ce n’est pas à proprement parler le peintre en tant que tel qui est ici pris à partie, c’est le prestidigitateur. Elle donne une satisfaction par rapport au désir, elle crée un ordre, une signification, un sens, une orientation pour la conscience. L'art et l'illusion chez Platon 223 mesure où la foule ignorante est incapable de faire le départ entre l'embellissement et la chose embellie, dans la mesure où elle reporte sur … Les connaissances ne coïncident jamais. Toute leur réalité réside dans leur apparence même, qui est l’ombre d’une ombre. Recevez tous les nouveaux articles directement dans votre boite mail. Nous mettrons toutefois cette conception en question, en montrant que la réalité de l’oeuvre d’art existe bien et que l’illusion artistique n’est qu’un effet pervers de notre jugement hâtif sur la nature de l’oeuvre. son habitude il jonglait avec les mots et qu’exalté à la pensée de la puissance de son habileté il confondait ou feignait de confondre une technique du leurre avec le jeu supérieur de la création véri table. de montreurs d’ombres. Lhomme qui est sorti de la caverne où il ne percevait que les ombres des objets ne consentira pas volontiers à « revenir à ses anciennes illusions et à vivre comme il vivait auparavant » (516 e). Troisième série, tome 54, n°42, 1956. pp. Illusion, erreur des sens qui nous fait percevoir les objets autrement qu'ils ne sont en effet, ou qui nous fait prendre l'image, c.-à-d. les apparences de l'objet, pour la réalité. Admirer la ressemblance, cela suppose que l’on n’est pas dupe ; Conformément à l’article L.113-1 du Code de la propriété intellectuelle, l’association Artefake est titulaire des droits d’exploitation du contenu du site Artefake.com Platon n’a jamais dit, comme on pourrait le croire en lisant certains commentaires, qu’il y a une variété de poésie dont la réussite, la valeur consisterait à Et préciser la portée de ces condamnations n’est-ce pas du même coup se mettre en mesure de mieux comprendre l’esprit de l’esthétique platonicienne dans une de ses démarches essentielles ? Elle comble un besoin, un manque, elle compense, elle récompense. 1Jaborderai ici quelques aspects de la rencontre entre les philosophes et lillusion. L’illusion est ici transcendance vers l’idéal. Platon nous affirme que celui qui connaît le mieux un instrument, ce n’est pas celui qui le fabrique, c’est celui qui sait s’en servir. A partir du moment, en effet, où la magie de l’apparence se confond avec la réalité, l’oeuvre d’art disparaît. Cette apparente contradiction entre l’attention la plus souriante et la plus sereine à toutes les formes du beau et l’expression d’une sévérité si constamment formulée ne nous invite-t-elle pas à rechercher quel sens exact Platon entend donner aux condamnations qu’il prononce ? Le sophiste est un faiseur d’images ; l’art du simulacre qu’il pratique est bien une technique de l’habileté, une virtuosité Imiter ne veut pas dire en peinture reproduire un double. participer, l’objet ainsi paré d’un éclat emprunté peut nous apparaître plus aimable, plus véritable, plus souhaitable qu’il ne faudrait. La formation cristalline renvoie dans l’œil à une ... L’illusion sur laquelle nous allons présenter quelques vues ... Temps de lecture : 20 min Les liens hypertextes pointant soit vers la page d’accueil soit vers un article particulier sont autorisés. Le peintre, le poète, ne créent pas de simulacres. » (République, 599 b). C’est le philosophe — est-il besoin de le dire ? In: Revue Philosophique de Louvain. Quand Pég… de pêcheur à la ligne. Il ne reste que le thème de l’oeuvre. Ils ne sont qu’une dégradation du sensible, comme le sensible est une dégradation de l’intelligible. Toute personne nommée ou désignée dans le site Artefake dispose d’un droit de réponse conformément à l’article 6 IV de la loi LCEN. Elle s’en tient souvent à un sens littéral qui risque d’étouffer sa piété, d’entretenir en elle cette crainte de l’au-delà que les guerriers doivent bannir de leur âme, s’ils veulent affronter avec courage les risques du combat, se prêter aux épreuves qui constituent l’initiation indispensable à leur vie d’hommes et de citoyens. La reproduction totale ou partielle des articles du site internet Artefake sont strictement interdite, par tous moyens connus ou à découvrir, quel qu’en soit l’usage, sauf autorisation légale ou autorisation écrite de l’association Artefake. Il n’a jamais eu (et Platon lui en donne acte tout au long du texte) et n’a pas à avoir la prétention de rivaliser avec le joueur de flûte ou le cavalier, ni même avec le luthier ou le cordonnier. Ce sacrifice, Platon par la bouche de Socrate le résume dans une formule dont on n’a peut-être pas assez remarqué la précision. Mais aussi bien, le créateur n’est pas, ne sera jamais en tant que tel, un créateur d’illusions. Il est généralement considéré comme l'un des premiers et des plus grands philosophes occidentaux, sinon comme l'inventeur de la philosophie. " suggérer une ressemblance parfaite avec un objet du monde sensible pris comme modèle. Blog; About Us; Contact Platon comme Aristote conçoivent l’art à travers la grille de la mimésis. Comme si la grandeur du sacrifice, par une sorte de compensation mystique, constituait une garantie de durée, de vérité, de solidité pour la cité bénéficiaire d’un tel renoncement. — est lui-même et jusque dans ses dialogues métaphysiques, le plus ardent, le plus léger des poètes, le plus sensible des critiques, accessible à toute forme d’art ; toujours comme le Socrate du Charmide « à On pourrait dire — et c’est la première remarque qui vient à l’esprit — qu’il y a des oeuvres d’art nuisibles socialement et que ce sont ces oeuvres-là que Platon rejette. Que le Messie vienne et fonde un âge d’or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable : suivant l’attitude personnelle de celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d’une idée délirante. La connaissance ou la réflexion sembleraient exclure toute contemplation esthétique et donc tout intérêt à l'art. C’est évidemment celui qui s’en sert le mieux et pour le meilleur qui le connaît le mieux. L’illusion qui fait le succès du poète est explicable : si son art « peut produire toute chose, c’est parce qu’il ne touche qu’un peu de chacune, à savoir son image (eïdôlon) » (République, X, 598b). L'art et l'illusion chez Platon 225 qu'il a pris l'habitude de tirer de chaque être, de chaque chose, le meilleur parti possible en vue de l'ascension de son âme et des âmes des autres. L’art est … Et préciser la portée de ces condamnations n'est-ce pas du même coup se mettre en mesure de mieux comprendre l'esprit de l'esthétique platonicienne dans une de ses démarches essentielles ? On ne saurait avoir d’un objet du monde sensible une idée unique absolument claire, l’atteindre dans une essence parfaite qu’aussi bien il n’a pas, précisément parce qu’il est un objet du monde sensible. ou sur son avenir (si l'art est trompeur, il … On aurait toujours beau jeu de de mander à ceux qui font de lui un savant universel quelles villes il a fondées, et quelles guerres il a conduites. Les spectacles les combinent souvent avec la suspension consentie de l'incrédulité pour divertir le public. L'étude des illusions sensorielles intéresse la psychologie, la physiologie, les neurosciences. 56 articles en attente de publication. Dans le cas ou cela s’avère exact, nous nous engageons sans délai à supprimer cette publication de notre site. Partagez cet l'article. l’égard des choses belles comme le cordeau blanc sans aucune marque de mesure ». Elle assure un sentiment de sécurité. Platon voit dans l’art l’apparence, Aristote y voit l’apparaître. L'illusion est le résultat d'un jugement humain erroné sur l'existence d'une chose perçue. Platon n’a-t-il pas dénoncé l’assujettissement de l’art au domaine du sensible, et par-là, n’a-t-il pas montré que l’art est incapable de manifester un absolu? l’image numérique en 3D, mêlant ainsi l’illusion de l’installation et un certain vertige visuel. Si le créateur était jugé sur le sujet qu’il emprunte, c’est alors, mais alors seulement, que toute sa technique se réduirait à bien imiter l’objet. — qui a la connaissance la moins imparfaite du monde sensible, puis qu’il a pris l’habitude de tirer de chaque être, de chaque chose, le meilleur parti possible en vue de l’ascension de son âme et des âmes des autres. Platon y voit l’illusionnisme, Aristote y voit une forme épurée du réel. 219-227. 1002 Articles actuellement en ligne. Pour quel'apparence devienne réalité, il faut avoir écarté la possibilité que l'apparence soit une illusion, fruit de l'erreur dejugement de mes sens. Mais la thèse de Platon présuppose que l’absolu ne se manifeste pas : il nous faut donc ici réfléchir sur les conditions de possibilité d’une révélation sensible de l’absolu. Ses pensées suivent celles de celui dont elle a été assistante et qu'elle considère comme son maître : Karl Jaspers. Nous chercherons tout d’abord à montrer que l’art procède d’une illusion dans la mesure où il détourne la réalité et induit l’homme en erreur. L'artiste est un illusionniste qui sait parfaitement reproduire n'importe quelle apparence. On ne laissera pas les poètes médire des dieux, fussent-ils aussi vénérés qu’Homère ou qu’Hésiode : La foule ne comprend pas le sens caché du mythe. On pourrait dire — et c'est la première remarque qui vient à l'esprit — qu'il y a des œuvres d'art nuisibles socialement et que ce sont ces œuvres-là que Platon rejette. Car le beau, à partir du moment où il n’est plus qu’un moyen de séduction au service de l’idée, cesse d’être lui-même, n’est plus qu’un piège pour les âmes. Les rapports entre art et illusion semblent donc très complexes et s'inscrivent dans une pensée globale sur la nature de l'art (l'art ne serait-il qu'une illusion ? C’est parce qu’il est une mimètikè ou une mimèsis que l’art peut avoir l’air d’une compétence universelle. L’autorisation de mise en place d’un lien est valable pour tous supports, à l’exception de ceux diffusant des informations pouvant porter atteinte à la sensibilité du plus grand nombre. Est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qu’il paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ?” Platon, La République, pages 389-369. Ce n’est pas là son rôle. objet se prête la plupart du temps à des usages multiples. Et si Gorgias le prétendait, c’est qu’à Ce qu’il imite c’est l’aspect visuel de la lyre ou de la bride, ce sont les lignes et les couleurs de la flûte. Mis à jour le : 18 février 2021 @ 6 h 41 min. Qui ne se souvient de l'ironique et savoureuse critique de Lysias dans Phèdre ; de la sévère condamnation des poètes dans La République ; du mépris affiché dans le Sophiste pour l'art du simulacre ; de la sereine et presque injurieuse indifférence de l'Athénien des Lois pour la « vaine expérience de la peinture » ? D’un objet du monde sensible on ne peut guère avoir qu’une connaissance valable : la connaissance socratique du à-quoi-sert. Il ne faut point se laisser abuser (et dans l’ouvrage que nous citions tout à l’heure M. Schuhl est le premier à le reconnaître) par les nombreuses comparaisons que Platon — non sans quelque ironie parfois — tire de la technique artistique. — est lui-même et jusque dans ses dialogues métaphysiques, le plus ardent, le plus léger des poètes, le plus sensible des critiques, accessible à toute forme d'art ; toujours comme le Socrate du Charmide « à l'égard des choses belles comme le cordeau blanc sans aucune marque de mesure ». Ce document est déposé auprès d’une Autorité d’Horodatage Qualifiée – Certifiée ETSI & RGS. En toute occasion au contraire, et même en ce qui concerne les formes d’art qu’il condamne, il nous invite à ne pas confondre la beauté avec l’objet qui lui sert de support, avec la matière où elle s’incarne : « En général, dit l’Athénien des Lois, à l’égard de toute imitation, soit en peinture, soit en musique, soit en tout autre genre, ne faut-il pas pour en être juge éclairé C’est l’art du sophiste qui est un art d’illusion. Si le peintre fait un lit (République, 596 b), c’est d’une certaine manière. Elle enseigne la philosophie aux États-Unis, puis à l'Unive… moins qu’un Achille, mais il serait à placer au-dessous des artisans ou des esclaves qu’il évoque. « L’Italie et la Sicile ont eu Charondas et nous Solon ; mais toi, dans quel état as-tu légiféré ? Mais cette science n’atteint son but que dans la mesure où la foule ignorante est incapable de faire le départ entre l’embellissement et la chose embellie, dans la mesure où elle reporte sur le sujet lui-même la beauté des cadences originales qui constituent l’oeuvre d’art. On sait avec quelle sévérité Platon a jugé certaines formes d’art. C’est ce sacrifice, ce douloureux règlement sur la poésie qui lui permet d’affirmer au début du livre X, non sans une pointe d’ironie d’ailleurs, que la cité qu’il vient de fonder est la meilleure possible. l'art n'est il qu'une imitation de la nature. Il est bien entendu que s’il peint une bride ou une lyre, il ne saurait avoir de ces objets une connaissance supérieure ou même équivalente à celle du cordonnier ou du luthier, qui en savent eux-mêmes moins que Il consiste, ce sacrifice, « à n’admettre, en aucun cas, ce qui dans la création poétique est imitation ». La beauté alors devient un moyen de leurrer la multitude qui perd conscience de l’originalité du beau pour donner aveuglément dans le piège. Platon (428 - 427 avant J.C., 347 - 346 avant J.C.) est un philosophe grec, « disciple » de Socrate. « Si l’on dépouille les ouvrages des poètes des L’art est l’illusion d’une illusion. Au titre de cette autorisation, nous nous réservons un droit d’opposition. Guicheteau Marcel. Il devrait être chassé comme un malfaiteur, un charlatan d’autant plus funeste qu’il est plus habile. Il y a un art de leurrer, d’ensorceler, de flatter, mais c’est jouer sur les mots de parler ici d’art véritable, conçu comme une création poétique ou picturale. Il est donc entendu qu’il est des choses qu’il convient de parer de poésie, de rythme, de couleurs ; qu’il y a d’autres choses au contraire qu’il convient de ne pas embellir ; mais cette proscription relève d’un opportunisme social et ne saurait constituer une préférence pour une technique déterminée, ni à plus forte raison constituer les éléments d’une esthétique.